Enfin… le jour de la première mise en bouteille est arrivé… !!!
Après un élevage en fût de chêne pendant un an, le vin rouge de la première récolte était prêt à être mis en bouteille. Il a fallu, avant cette date « Historique » (je suis toujours très « modeste », vous l’aurez remarqué, dans les termes que j’utilise pour mes récits), trouver un nom à cette première cuvée. Il est moins facile qu’on pourrait l’imaginer de donner un nom à un vin. Il doit être le reflet du domaine, du vigneron, d’un lieu ou de toutes autres choses qui font que ce nom devient un symbole, porte un message.
Après avoir passé plusieurs nuits à y réfléchir et demandé l’avis de mes proches, le nom a été trouvé. Cette première cuvée s’appellerait … Cuvée Regain… pour symboliser le regain de vie de ces vignes qui ne méritaient pas d’être abandonnées. Ce nom n’allait être donné qu’à cette première Cuvée.
Des étiquettes devaient être créées, qui puissent refléter, autant l’identité du Domaine que la mienne. Il fallait trouver un visuel et un design qui puisse traverser les années, à la fois élégant et moderne. J’ai donc ressorti ma table à dessin que j’avais utilisée lorsque j’avais repris des études d’Art quelques années plus tôt. Là aussi il m’a fallu plusieurs jours et parfois des nuits pour arriver à un dessin qui me satisfasse.
Le jour J, un spécialiste de la mise en bouteille est venu au domaine, avec son matériel. Je n’avais pas l’équipement nécessaire et cette étape délicate devait, impérativement, être effectuée par un professionnel.
Mon cœur battait en accéléré. Tant que le vin n’était pas en bouteille, il pouvait y avoir un problème… une vanne de la machine qui casse et qui occasionne une perte de vin, un problème avec les bouteilles ou avec les bouchons ou avec… je ne sais quoi…
Le remplissage des bouteilles se faisait doucement pour ne pas traumatiser le vin, il y en avait tellement peu que je ne pouvais pas me permettre d’en perdre. Lorsque les bouteilles ont été serties avec les capsules et que les étiquettes furent collées, j’ai ressenti une vive émotion.
Voilà , c’était lancé, ma première Cuvée était là , sous mes yeux. La première Cuvée depuis que le Domaine avait reprit vie.
J’ai eu beaucoup de mal à vendre cette première cuvée. Non pas parce qu’elle n’était point réussie, bien au contraire, elle était même délicieuse, mais parce que j’avais du mal à m’en séparer.
J’ai dû, presque, me battre avec certains clients qui l’appréciaient tellement qu’ils voulaient tout me prendre. J’ai réussi, tout de même, à garder quelques bouteilles de la Cuvée Regain. J’en sors de temps en temps pour les grandes occasions.
L’année suivante, il a pu y avoir une récolte plus importante, nous allions aussi pouvoir faire du  vin rosé et un peu de vin blanc. Notre premier pressoir nous avait été livré par camion-grue et installé à côté de la partie haute du chai.
Nous étions prêts pour notre deuxième vendange. Il nous fallait plus de monde pour les vendanges cette fois-ci. Enfants, neveux, amis, voisins et d’autres personnes étaient là , toujours dans une super ambiance, pour notre deuxième récolte manuelle.
Une fois le raisin apporté au niveau du chai, il était placé sur la table de tri. Nous étions 4 personnes à trier les grappes et je peux vous assurer, que rien, à part le raisin, ne risquait de se retrouver dans le pressoir. La moindre feuille, le moindre insecte, était enlevé car, même si certains peuvent appeler ça « l’effet terroir », je préférais que mon terroir s’exprime autrement.
À bientôt pour la suite de l’aventure.